Je me réveille plus tard, prêt à recommencer l'entraînement; c'est mon dernier jour. Je n'attends pas, je sors et fais quelques étirements. En quelques minutes, je suis déjà dans les combos et les kikohas; pierres et poussières volent un peu partout. Je brise également des briques avec poings et pieds.
*C'est à croire que je suis fait pour ça...*
Je marque une pause. Bien sûr; c'était tellement évident.
- On m'a créé pour ça. Dans le but de me battre.
Cette découverte me laisse un peu perplexe; ce savoir m'a été donné par l'ordinateur de ma couveuse. Je tourne la tête vers ma salle.
- La seule question reste "pourquoi ?".
Pas pour tout détruire; cette idée non seulement m'insuporte, mais est illogique. On n'aurait pas créé un être capable de raisonner ainsi, avec de tels pouvoirs et sans qu'il sache lui-même ce pour quoi il vit. Et encore moins en le cachant dans un endroit pareil.
*J'aurai été conditionné sinon.*
L'affirmation est évidente.
- On m'a créé libre; donc pour que j'agisse seul dehors, une fois prêt.
Je ne me le fais pas dire deux fois. J'enchaîne à nouveau les combos, frappant au jugé dans ce qui m'entour, murs ou tas de briques. Je retourne à ma place habituelle et charge; plus vite.
- Makkankosappo !
J'ai crié cette fois, pour canaliser tout mon esprit dans ce tire. Le rayon part comme d'habitude, traverse le mur à côté des précédantes brèches, et se meurt aussi dans une explosion et des débris.
Puis sans réfléchir je m'élance dans la même direction. Je passe à travers le mur sans me blesser ou être ralenti. Je vol dans les couloir, passant où bon me semble, arosant de kikohas et de coups. Je sens la fatigue venir; cela me pousse encore plus. J'accélère, rebondissant sur les parois, jusqu'à ce que je ne me contrôle plus et attérisse dans une salle en partie écroulée. Je ripe sur dix mètres avant que les gravas ne m'arrêtent. Je me relève; pas de blessure.
*Un vrai missile...*
Je regarde autour de moi. Même le plafond s'est effondré, mais il y a au-dessus autre chose qui le ferme. Et il y a surtout un rat, là-haut qui me fixe bizarrement. Je grimpe et m'approche de lui; il n'a pas l'air effrayé. Je le caresse doucement, tandis qu'il me renifle. Puis il part en escaladant les rochers et passe dans un petit trou.
- Je dois pas être comestible...
Néanmoins, c'est le premier être vivant que j'ai rencontré. Même ma "mère" ne l'est pas; mais je n'ai pour autant pas manqué d'affection.
- Je dois être unique si j'ai pas de parents.
Puis je repars. Je ne suis pas sûr que ce qui se trouve dehors soit aussi sympa que ce rat, vu qu'on m'a caché à tout le monde. Je reprends donc mon entraînement, avec des combos. Mais je n'ai aucun moyen d'améliorer ma technique puisque je n'ai aucun adversaire.
*Faudra que je sois prudent.*
Je décide de terminer. Pour ça, je saisi une pièce mécanique hors d'usage que j'écrase pour en faire vaguement une boule; je la lance et l'enchaîne de coups. J'arrive même à me déplacer de l'autre côté juste après avoir frappé, mais que sur une courte ditsance et peu à la suite. Lorsque le métal retombe au sol, il est complètement défoncé, alors que je n'ai rien.
Puis je retourne dans ma salle. J'avise ma nourriture; il ne reste de ce gel nutritif que de quoi manger deux fois; c'est-à-dire maintenant et juste avant de partir d'ici après ma sieste. Ensuite je vais boire; l'eau a remplie l'ouverture et s'est un peu répendue sur le sol pavé. J'étanche ma soif et regarde cette inondation à mes pieds. En fait c'est moi que je vois, mon reflet. J'ai beaucoup changé; mes membres sont plus longs, droits et costauds. Mon abdomen s'est réduit et se situe d'avantage dans mon dos, puisque je me tiens debout. Ma tête n'a pas grandi, hormis les deux cornes, ce qui la fait plus porportionnée au reste de mon corps. Enfin mes ailes, qui ressemblaient à des feuilles mortes, sont devenues épaisses en forme d'éventail. Je reste un moment à me regarder, incapable de savoir quoi penser de moi.
- J'ai une conscience. Mon corps, ce que je suis, je ne l'ai pas choisi. Mais ce que je ferai, qui je suis, ça ce sera de mon fait.
J'ai donc aussi des notions relatives sur le bien et le mal, propre à chacun.
*De quoi surprendre ceux qui m'ont créé... A moins que ce ne soit volontaire.*
Fatigué de l'entraînement et de mes découvertes, je retourne à ma couveuse. Je mets du temps à m'endormir, pris dans l'idée que je puisse être fait pour autre chose que la simple destruction. Enfin je m'assoupi.